De l’HTSMA à la Thérapie des Mondes Traumatiques et Résilience

Il y a environ 30 ans, riche de son expérience de psychiatre, pédopsychiatre et psychothérapeute, le Dr Eric Bardot commençait à développer les fondements de son approche psychothérapique qu’il dénommerait 10 ans plus tard : HTSMA pour Hypnose, Thérapies Stratégiques, Mouvements Alternatifs. Une approche s’inspirant des différents courants de thérapies brèves systémiques, des apports de l’hypnose éricksonienne (en particulier l’observation et l’utilisation des phénomènes hypnotiques), de la psychologie du développement et des mouvements alternatifs naturels (marche, respiration…) et/ou provoqués (oculaires, taping).

Au cours de ces 15 dernières, L’HTSMA s’est largement enrichie de nouveaux apports et affirme pleinement aujourd’hui son affiliation à l’épistémologie batesonienne. Le souci d’une écologie spirituelle « transpire » constamment dans la pratique.

Nous utilisons ici le mot « écologie » au sens étymologique du terme : l’être humain est un être vivant de et en relations. Nous mettons volontairement un « s » au mot relation car elle se décline à plusieurs niveaux : relation au monde physique (l’environnement), relation à l’autre, relation au monde des représentations, et relation à soi – à son propre corps comme organisme sensoriel et perceptif en interaction constante.

L’humain se développe et se structure à travers son rapport au monde qui l’entoure et dans la singularité des expériences de rencontres. En effet, chaque individu évolue en résonnance mimétique avec un environnement qui agit sur lui, et sur lequel il agit. Cette résonnance mimétique constitue les bases d’un lien d’attachement et d’un monde relationnel sécure. Lorsqu’une personne ne parvient plus à interagir de manière accordée, un état de souffrance va se constituer qui peut évoluer vers une pathologie organisée.

Arrivée désormais à maturité, L’HTSMA change progressivement d’appellation pour devenir aujourd’hui la Thérapie des Mondes Traumatiques et Résilience (TMTR). Ce modèle psychothérapique original repose sur l’idée forte que c’est la relation qui structure les êtres vivants. Dans le cadre de la psychothérapie, ce que l’on nomme « patient » est l’ensemble des relations qui crée et entretient la souffrance. De ce fait, il s’agit alors de distinguer le client qui consulte à partir d’une plainte, et le patient pris dans les méandres de son monde relationnel dysfonctionnel. Il s’agit d’une approche d’ensemble à la rencontre des thérapies systémiques relationnelles, de l’écopsychothérapie et de la thérapie mimétique, dans une approche développementale et évolutive de l’humain. Elle permet de travailler plus en sécurité et plus efficacement avec le patient, tout en accompagnant au plus juste la relation patient/thérapeute.

Pour aider le patient à sortir d’un monde chaotique ou figé et pour qu’émerge des relations saines, nous partons du postulat que l’effet thérapeutique est contenu dans les composantes mimétiques et interactionnelles de la relation humaine. Il s’agit donc d’apprendre au patient à (re)devenir acteur et à construire une histoire de vie alternative en lien avec l’environnement et la communauté humaine.

Sécuriser la relation patient/thérapeute….
La thérapie du lien et des mondes relationnels propose une nouvelle manière d’appréhender la dynamique patient/thérapeute. Elle introduit une 3e composante qui permet la mise en place de la triangulation : le « Patient » comme ensemble des relations qui crée et entretient la souffrance. Le cœur du travail porte sur :

-la mise en forme par personnification de cette 3e composante prenant une forme concrète,

-les interactions du thérapeute et du patient avec cette 3e composante,

-la mobilisation des ressources tant chez le thérapeute que chez le patient qui vont participer à dissoudre cette 3e composante et permettre l’émergence de nouveaux liens. Aborder ainsi, la forme que prend l’ensemble des relations qui crée et entretient la souffrance est plus sécure pour le thérapeute comme pour le patient.

Avec cette manière de travailler, le thérapeute entre dans le monde traumatique du patient de manière sécurisée. Il ne va pas lui-même au contact du traumatisme du patient. Il s’appuie sur les ressources de celui-ci pour l’aider à créer un nouveau mode de relation vis-à-vis du vécu traumatique.

Le patient devient acteur de sa thérapie. Il participe avec le thérapeute à sa propre reconstruction. Il se met en lien avec ses propres ressources, se remet en mouvement et écrit une histoire de vie alternative.

Aussi actifs l’un que l’autre, thérapeute et patient co-construisent la thérapie. Cette coopération protège la relation patient/thérapeute et ouvre de nouvelles perspectives, en douceur, pour le patient.

Ouvrir des voies thérapeutiques….
La thérapie des mondes traumatiques et Résilience est une modélisation non protocolaire, elle permet d’adapter la thérapie au monde relationnel du patient. Le thérapeute construit avec le patient dans le présent de la séance le processus thérapeutique. Pour cela, il s’appuie sur :

-une manière de questionner le patient qui lui permet de mobiliser l’effet mimétique, d’entrer plus aisément dans son monde, de s’adapter à son imaginaire, à sa communication verbale et non verbale,

-une approche intégrative qui active des outils complémentaires : hypnose, thérapie brève et mouvements alternatifs, qui facilitent l’émergence des ressources du patient comme du thérapeute.

Chaque thérapie est un apprentissage en terme d’autonomie relationnelle pour le patient comme pour le thérapeute. La thérapie des mondes traumatiques et Résilience fait donc appel à la créativité du thérapeute comme du patient. Ils définissent en séance l’objectif le plus pertinent pour co-construire une approche thérapeutique personnalisée. Les effets de la thérapie serviront de guide au processus thérapeutique.

Stéphane Roy psychologue, psychothérapeute, co-directeur de l’Institut Mimethys
Mis en ligne le 12/02/2020