HTSMA : évolution de la posture du thérapeute

lasfarguettesG.LasfarguettesInfirmier
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Ma posture avant la formation

L’apprentissage de l’hypnose, il y a quelques années, fut une révélation pour moi mais je me suis heurté à quelques difficultés par la suite. Malgré de bons résultats sur de nombreuses séances, je me trouvais en difficulté sur certaines prises en charge très complexes qui m’ont rappelé lors de notre première session de formation le fameux DDT : douleur chronique, dépression chronique et traumatisme chronique… ou 3 des pathologies les plus destructrices pour le soignant. La distance thérapeutique que j’arrivais à mettre avec mes patients en tant qu’infirmier (…) était soudainement moins présente lors des séances d’hypnose où la relation duelle était plus engagée et les attentes en face de moi étaient plus nombreuses (…).

Lors de mes études il y a 10 ans, la position de thérapeute n’était que peu abordée. Cela a fait « tilt » lorsque dans la formation nous avons évoqué le positionnement. Dans notre profession on nous met effectivement en position de sauveur. Si on est soignant, on s’est déjà mis en position de sauveur par notre vocation et notre choix de faire ce métier. Cette position peut parfois fatiguer et je l’ai ressenti à certains moments par des expressions telles que « ce patient m’épuise » quand je n’arrivais pas à faire évoluer le patient dans sa problématique. Je me suis aussi retrouvé dans certaines mauvaises postures (…) telles que « travailler à la place du patient ». (…)

Même si mes formations en hypnose avaient développé mes qualités d’écoute et d’empathie et que je me trouvais plus habile dans mes soins relationnels, il y avait toujours comme une certaine frustration devant les patients pour lesquels suite aux séances, il n’y avait que peu ou pas de changements et par la suite à faire de l’évitement (…). À la base, j’étais venu chercher dans cette formation des techniques supplémentaires pour arriver à traiter plus facilement ces cas qui étaient difficiles pour tout soignant.

Expériences vécues durant la formation qui m’ont fait prendre conscience du changement nécessaire

Je ne peux pas dire qu’il n’y ait qu’une expérience pendant la formation qui m’a fait remettre en question ma position de thérapeute. Déjà, pendant cette année, je n’ai pas appris qu’une technique ou une indication mais une manière d’être. La première partie (…) sur le questionnement m’a fait prendre conscience que j’écoutais plus la plainte. La plainte a la fonction d’hypnotiser le patient mais il ne faut pas qu’elle hypnotise le thérapeute et c’est ce qu’elle faisait. (…)

L’expérience dans les démonstrations qui ont été faites (…) et la façon des intervenants de ne pas être déstabilisés par les propos parfois déstabilisants de la personne en face, cette assurance dans cette manière d’être avec cette habilité à recadrer la plainte et de manœuvrer entre mouvements alternatifs, questionnement incisif et observation approfondie de la personne en face fut remarquable.

Là où plusieurs personnes auraient été déstabilisées par les réponses (…), les formateurs restaient d’un calme étonnant sans latence dans les réponses et trouvant toujours le moyen de rebondir. (…) Voir ces démonstrations me fit apprendre. Pratiquer en formation chacune des situations (vide, externalisation du contexte, apposition du contraire) me fit comprendre que l’on nous donnait en fait tous les moyens pour ne pas être déstabilisés dans la relation thérapeutique et remettre en mouvement cette dernière lorsqu’on pouvait penser arriver dans une certaine impasse. (…)


Constat d’un changement

Quelle ne fut pas ma surprise de voir une problématique de dépression résistante en lien avec une séparation difficile s’améliorer suite à plusieurs séances d’HTSMA en utilisant la modélisation de la séparation. (…)

Cette expérience m’a apporté plus de confiance et d’admiration dans les ressources du patient que l’on prend plaisir à découvrir avec le patient en l’accompagnant dans le processus de résolution de son problème.

Changement dans ma pratique ou dans ma façon de l’appréhender

La formation m’a défocalisé ou déshypnotisé de la plainte de mon patient que je cherchais à tout prix de résoudre (…). J’installe plus les conditions pour permettre au patient de faire son travail plutôt que vouloir travailler à sa place.  Je passe davantage de temps sur le questionnement pour mettre en forme la problématique de la personne et sur l’accordage entre le patient et moi pour travailler ensemble.

Je me surprends à ne plus aller à reculons dans des prises en charge qui auraient pu m’effrayer auparavant. (…)

Je trouve plus de confort dans la relation thérapeutique et je suis mieux centré car je me sens plus armé face à la détresse de l’autre. Je m’écoute davantage et j’externalise si j’en ressens le besoin.

Lorsque je ne sais pas, je peux repartir dans les mouvements alternatifs jusqu’à que la personne se connecte avec son expérience tout en dépotentialisant l’esprit analytique de la personne. (…)

L’HTSMA m’a permis…

(…) l’HTSMA m’a permis de redécouvrir le patient sous un autre angle, avec intérêt et une sorte d’amusement à aller à la recherche de ses ressources même si elles sont bien cachées derrière des obstacles que les différentes modélisations permettent de lever. Je vois bien l’intérêt de cette pratique pour rendre plus confortable les prises en charge difficiles. Cette formation m’a permis une formidable remise en question sur ma posture de thérapeute et de découvrir un autre moi, plus curieux, plus joueur, moins introverti, aidé par ses tiers sécure et ressources que je fais souvent venir à proximité dans la relation thérapeutique pour lever mes propres obstacles (…)

G. LASFARGUETTESinfirmier
Mis en ligne le 26/09/2017